Né et baptisé à Marseille en 1725, Jean-François FÉRAUD était le fils d'un chirurgien sans doute mieux instruit que d'autres confrères. Nous ne disposons sur sa petite enfance que du nom de ses frères et soeurs. Il fut accepté au collège jésuite de Marseille qui portait le nom de son protecteur, l'archevêque de Belzunce. Dans cette ville portuaire toute dévouée au négoce, il se peut bien que l'élève Féraud ait été tôt initié non seulement aux humanités mais aussi aux langues vivantes. Sa bonne connaissance de l'anglais trouve peut-être là ses origines.
Tout laisse à croire, d'après la suite de sa vie, qu'il fut un élève studieux et pieux. Il fit son premier noviciat à l'âge de 14 ans, comme c'était alors la coutume, et fut ensuite envoyé pour son scholasticat à Besançon, probablement de 1745 à 1749. La mention de certains régionalismes de France Comté dans ses dictionnaires doit peut-être quelque chose à ce séjour. Mais hormis cet intermède, il séjourna toujours en Provence, ne quittant sa province natale vers la fin de sa vie que sous la pression des troupes révolutionnaires.
La suite de sa carrière ecclésiastique se passe selon l'alternance attendue de la régence et de la formation théologique. Entre le collège d'Avignon et celui d'Aix, il est possible de reconstituer une carrière probable, bien que la fréquence du patronyme Féraud ne garantisse pas la certitude de nos sources. Carrière modeste au demeurant que celle de ce jésuite régent de rhétorique qui ne connut vraiment comme événement marquant (et c'est beaucoup) que l'interdiction de son ordre par le Parlement de Provence en 1763 et l'exil sous la Convention. Rien ne laisse à penser qu'il hanta, tel un Bouhours, la demeure des Grands ni qu'il fit une carrière de prédicateur en vue. Au contraire il affectionnait plutôt le public des humbles et nous savons même de source sûre qu'il refusa de siéger à l'Académie de Marseille avant la Révolution malgré les avances qui lui furent faites.
Après la suppression de la Compagnie de Jésus en France en 1763, il rejoignit le clergé séculier et exerça, semble-t-il, son ministère à Marseille, sa ville natale. Nous gardons, grâce à sa correspondance, la trace de son passage à Nice pendant la Terreur, ville d'où il fut à nouveau délogé lorsque les troupes révolutionnaires l'envahirent. Il reprit le chemin de l'exil jusqu'à Ferrare, dans les Etats du Pape. La date de son retour en France n'est pas éclaircie mais J. Stéfanini la fixe à 1795 environ d'après les indices recueillis.
La fin de sa vie (il mourut en 1807) se déroule à Marseille. On peut penser d'après les témoignages laissés par l'intermédiaire de l'Académie de Marseille et sur la foi de quelques témoins qu'il mourut dans la gêne, sinon dans la misère. Les ouvrages inédits qu'il laissa furent dispersés et certains, perdus, n'ont été retrouvés que tardivement.